SIDDHA YOGA

Son aura, bien que quelque peu malmenée par sa mystérieuse venue en ces terres, avaient réussi à le mener auprès de ce sanctuaire.
Sincahonda n'avait jamais vu pareil lieu de méditation.
L'illustre bâtiment se tenait fièrement au centre d'une colline verdoyante. Une allée de dalles immaculées serpentait entre des oliviers millénaires, tels des gardiens inébranlable, témoin de sagesse immémoriale.
Le porche, taillé dans un bois fin, était soutenu par 3 piliers de la taille d'un tronc de chêne centenaire.
Bâtit plein sud, la lumière filtrait en permanence à travers les diverses fenêtres sans vitre en direction de l'autel où terminait de se consummer quelques bâtons d'encens, offrandes aux anciens.

Voici donc la religion de mes hôtes se dit le colosse. Le Siddha Yoga est proche du chamanisme que je pratique, ce lieu est parfait pour m'ouvrir de nouveaux aux astres et aux voies que me soufflent les divinités de la nature.

Le peuple de Sincahonda voyait la terre, les animaux et les hommes comme des parties d'une entité entière en évolution. Malgré les pressions de l'extérieur, ils avaient su garder intact leur culture et essayaient de mettre en garde leurs voisins contre la culture occidentale matérialiste qui, partout, veut imposer sa loi du déracinement, rompant les liens avec les forces naturelles de la terre et du cosmos.
Le chamanisme lui avait beaucoup appris, il touche à la source même de la conscience, là où s'élaborent l'attention des humains, leur perception, nleur intelligence des réalités, la structuration de leurs désirs et de leur créativité ainsi que l'énergie de leur corps.
Retrouver l' harmonie avec la nature et la vie qui l'entoure, prendre conscience de ses illusions, et de ses conditionnements et vivre plus au présent, tels étaient les buts principaux de la pratique chamanique.

Sincahonda s'avança lentement au centre du temple. Doucement, il s'agenouilla près de l'autel et alluma quelques bâtons d'encens.
Puis, toujours dans un calme des plus complet, il alla s'adosser à un des troncs qui servaient de soutient au porche.
Retrouver cette connexion avec les éléments lui prendrait du temps, il devait tout reprendre dès le début. Se souvenir des leçons de sa mère :

Première Étape, le Corps.
"Rappel-toi autant de fois que possible d´observer ton corps et de voir si tu y portes des tensions - la nuque, la tête ou les jambes - détends-les consciemment lui disait elle avec une extrême douceur. Va simplement à cette partie du corps, et persuade la, dis lui affectueusement "détends-toi" !
Lorsque sa mère lui avait expliqué cela, il s'était mis à rire. Elle ne s'était pas vexée, toujours avec la plus grande tendresse elle lui avait rétoqué. "Tu serais étonné, si tu approches n´importe quelle partie de ton corps, il écoute, il te suit, c´est ton corps ! Les yeux fermés, va à l´intérieur de lui, des orteils à la tête, recherche n´importe quel endroit où il y a une tension. Et alors parle à cette partie du corps comme tu parlerais à un ami, laisse un dialogue s´établir entre toi et lui. Dis-le de se détendre et dis -lui qu´il n´y a rien à craindre. "N´ai pas peur, je suis ici pour prendre soin de toi, tu peux te détendre". Lentement lentement, tu apprendras. Alors le corps devient détendu."

Tout en récitant les leçons de sa mère, Sincahonda les exécutait. A présent, il était prêt pour passer à l'étape suivante, celle du Mental.
"Fais alors un pas de plus, plus profond, dis au mental de se détendre. Et si le corps écoute, le mental écoute également. Mais tu ne peux pas commencer par le mental, tu dois commencer par le début. Tu ne peux pas commencer par le milieu.
Beaucoup de gens commencent par le mental et ils échouent, ils échouent parce qu´ils commencent à partir du mauvais endroit. Tout doit être fait dans le bon ordre.Si tu deviens capable de détendre le corps volontairement, alors tu pourras aider ton mental à se détendre volontairement. Le mental est un phénomène plus complexe. Une fois que tu es devenu confiant, que ton corps écoute, tu auras une nouvelle confiance en toi-même. Maintenant, même le mental peut t'écouter. Cela prendra un peu plus longtemps, mais cela est possible."

A l'époque, Sincahonda encore jeune garçon avait mis des semaines entières avant de pouvoir détendre son mental convenablement. A présent entraîné, quelques minutes suffirent et il put entamer la prochaine étape, la plus difficile pour lui : Appaiser son coeur tourmenté.
Doucement, il replongea dans enseignements de sa défunte mère, sa douce voix résonnant encore dans sa tête :
"Lorsque le mental est détendu, commence alors à détendre ton coeur, le monde de tes sentiments, de tes émotions, qui est encore bien plus complexe, plus subtile. Mais maintenant tu te déplaceras avec confiance, avec une grande confiance en toi-même. Maintenant tu sais que c´est possible. Si c´est possible avec le corps et possible avec le mental, c'est aussi possible avec le coeur."

Sincahonda avait toujours eu du mal à passer cette étape. Bien des fois il avait failli abandonner, mais les paroles appaisante de sa mère l'avaient dissuadé et l'avaient confortés dans sa confiance en lui.
Il était à présent prêt pour passer à l'étape ultime : l'Être.
"Alors seulement, lorsque tu es passé par ces trois étapes, peux tu entreprendre la quatrième. Maintenant tu peux aller au noyau le plus secret de ton être, qui est au-delà du corps, du mental et du coeur, le centre même de ton existence. Tu seras à même de le détendre également et cette relaxation apporte certainement la plus grande joie possible, l´ultime extase et acceptation. Tu seras plein de félicité et de réjouissance. Ta vie aura en elle la qualité de la danse."

De nouveau en adéquation avec les fluctuations du cosmos, Sincahonda se sentait mieux. La haine qui brûlait au fond de lui depuis le massacre des siens était appaisée, pour l'instant.
A présent, il lui fallait découvrir où il était, et surtout, comment il y était parvenue.
Se levant toujours dans le plus grand silence, le colosse jeta un dernier regard par dessus son épaule. Les bâtons d'encens qu'il avait mis a brûler étaient totalement consummés. Apparement, sa méditation avait duré plusieurs heures...

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